lundi 18 août 2014

La guerre qu’ils nous mènent

Valls lui-même le dit : la rentrée sera difficile.

Pour une fois, il dit la vérité. La rentrée sera en tout cas difficile pour les travailleurs, les chômeurs, les retraités du monde du travail, et pour beaucoup, catastrophique. Les grandes entreprises continuent à diminuer leurs effectifs au nom de la compétitivité en faisant faire plus de travail par moins de travailleurs. Le chômage augmente inexorablement. Même celles et ceux qui retrouvent du travail après un licenciement, au bout des semaines ou des mois de galère, ne retrouvent qu’un emploi plus précaire, plus flexible, plus mal payé et souvent, loin du logement péniblement acquis au fil des ans. Quant aux jeunes, commencer sa vie professionnelle sans trouver d’emploi, errer de petit boulot en petit boulot devient la règle. Même pour les salariés qui ont un emploi stable, leur pouvoir d’achat s’effrite parce que les salaires sont bloqués alors que les dépenses augmentent : loyers, impôts, scolarité des enfants.

Malgré les mensonges et les fausses promesses dont Hollande et Valls nous ont abreuvés tout au long de l’année en pérorant sur la reprise de la croissance ou le « retournement de la courbe du chômage », l’économie ne redémarre pas. Même l’Allemagne, présentée si longtemps comme l’exemple à suivre, est en train de s’enfoncer dans la stagnation. L’économie capitaliste, cette économie démente où la concurrence pour le profit conduit à des soubresauts économiques de plus en plus fréquents, de plus en plus graves, ne parvient pas à surmonter sa crise. Voilà la raison fondamentale de l’aggravation de la guerre de classe menée par la classe capitaliste contre les travailleurs.


Pour la grande bourgeoisie qui monopolise la propriété des usines, des machines, des moyens de production, démolir les conditions d’existence des travailleurs est un impératif pour sauvegarder et pour accroître leurs fortunes malgré la crise. Mieux, en profitant de la crise elle-même, pour que les actionnaires des entreprises les plus puissantes mettent la main sur les canards boiteux, pour concentrer le pouvoir économique entre les mains d’un nombre restreint de grand bourgeois. Pour eux, la crise n’est pas un malheur mais une opportunité à saisir. Ce qui leur en donne les moyens, c’est l’aggravation de l’exploitation dans les entreprises elles-mêmes et c’est la mise à leur disposition d’une part croissante des moyens de l’État avec pour contrepartie des économies sur les services publics et la démolition des protections sociales.

Dans cette guerre de classe, l’État, le gouvernement sont entièrement au service des intérêts de la grande bourgeoisie. Les Hollande et Valls parlent d’entreprises, là où il s’agit en vérité de leurs actionnaires, de la grande bourgeoisie. Car prétendre « favoriser les entreprises » alors que celles-ci licencient, est une escroquerie. Le profit des entreprises n’a jamais servi aux travailleurs et depuis plusieurs années, il ne sert même plus les investissements productifs mais la spéculation. Et Valls d’affirmer qu’« il est hors de question de changer de politique ». Le Parti socialiste est prêt à se suicider électoralement, mais il servira jusqu’au bout ses donneurs d’ordre, les gros possédants.

Voilà ce qu’ils nous réservent. Nous n’avons rien d’autre à attendre des maîtres de l’économie et de leurs serviteurs politiques que des coups. Alors, sachons que nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes. Seule une explosion sociale, susceptible de se transformer en lutte déterminée et consciente des travailleurs peut les arrêter. Car malgré toute l’avidité de la classe bourgeoise, malgré toute la servilité de la caste politique, ils savent que l’économie ne peut fonctionner qu’avec les bras et les cerveaux de leurs salariés.

Le rapport de force pour une lutte déterminée n’y est pas encore ? Pèse sur les travailleurs tout le poids du chômage, de la crainte pour l’avenir. Pèsent autant les déceptions politiques du passé, le constat que la gauche au pouvoir est aussi servile devant la grande bourgeoisie que la droite. Pèse encore cette désorientation politique profonde qui pousse une partie des classes populaires vers des illusions mortelles en une extrême droite, tout autant au service du grand capital que les autres, mais en plus dangereux pour les travailleurs et pour la société.

Il n’en reste pas moins que seule la lutte déterminée et consciente des travailleurs ouvrira une voie.

Nous en avons la capacité. La volonté de nous y engager viendra en reprenant confiance en nous-mêmes.