lundi 22 décembre 2014

Oui, il faut libérer la société... de la dictature patronale !

Les fêtes n’empêchent pas le gouvernement, ses ministres et le patronat de réfléchir à leurs projets. Dernier exemple, le ministre du Travail Rebsamen a déclaré : « S’il faut allonger la durée de cotisation pour accéder à une retraite à taux plein, eh bien nous le ferons ».

Ce ministre se spécialise dans le lancement de ce genre d’idées. Comme il y a quelque temps lorsqu’il a proposé de renforcer les contrôles sur les chômeurs, il dit tout haut ce que le gouvernement pense tout bas. Celui-ci a démenti qu’une nouvelle mesure sur les retraites soit envisagée, mais qui peut se fier à sa parole ?

Dès maintenant, beaucoup ne peuvent plus espérer avoir une retraite à taux plein sans devoir travailler bien au-delà de 62 ans. L’âge de départ effectif va encore augmenter, du fait de l’augmentation de la durée de cotisation exigée. Déjà de plus de 41 ans, elle doit arriver à 43 ans. Ce que le ministre a rappelé, c’est que cette durée pourrait augmenter encore plus, sous prétexte de déséquilibre financier des caisses de retraite. Cela est prévu dans les réformes des retraites de Sarkozy et de Hollande.

Qui se rappelle encore que le candidat Hollande avait parlé de ramener l’âge de la retraite à 60 ans ? Non seulement son gouvernement ne l’a pas fait, mais il pourrait reculer encore cet âge, car c’est ce que demande le patronat, et Valls et Hollande ne lui refusent rien. Toute leur politique le montre.

Ainsi au 1er janvier, le Smic n’augmentera que de huit pauvres centimes sur son taux horaire, soit 12 euros brut par mois et à peine plus de 8 euros net. Rattraper un peu le retard des bas salaires, cela aurait fait protester les patrons, et ce gouvernement ne le veut pas. Au contraire, sa nouvelle loi veut répondre à tous leurs désirs.

Avec la loi du ministre Macron, les travailleurs n’auront pratiquement plus de recours contre les plans de licenciements collectifs. Le patronat aura encore plus de facilités pour modifier les horaires de travail, rendre les salariés « flexibles » et les plier à sa volonté. Dans le commerce, il pourra les faire travailler le dimanche, selon un « volontariat » qu’il leur sera difficile de refuser.

Le prétexte est toujours de relancer l’économie et de faire reculer le chômage. Cela ne le fera pas plus reculer que toutes les autres lois adoptées sous le même prétexte et qui, elles aussi, visaient à satisfaire les demandes du patronat.

Celui-ci a bien compris que pour être exaucé il lui suffit de demander. Les dizaines de milliards qui lui sont promis par le « pacte de responsabilité » ne lui suffisent pas et peu lui importe que pour le financer la population doive subir les mesures d’austérité pesant sur les écoles, les hôpitaux, les transports publics. Le Medef annonce qu’il va passer à l’action avec le mot d’ordre « libérons l’entreprise ».

Eh oui, les patrons veulent se sentir « libres » ! Pour eux, toute obligation envers la société ou envers leurs travailleurs est une contrainte inacceptable. Payer des impôts, des cotisations sociales, respecter la sécurité du travail, assurer la retraite des salariés qu’ils ont exploités toute leur vie, remplir des formulaires sur la pénibilité à laquelle ils les soumettent, tout cela selon eux serait insupportable. Ils proclament que c’est l’entreprise qui crée de la richesse… à condition qu’on les laisse faire ce qu’ils veulent.

C’est vrai, la richesse est créée dans les entreprises. Mais au sein de celles-ci, ce ne sont pas les patrons qui la créent, ce sont les salariés par leur travail. Les patrons en revanche s’arrogent le droit de s’en approprier une grande partie sous forme de profits. Cela s’appelle l’exploitation des travailleurs, et ils voudraient naturellement l’augmenter, se débarrasser de toutes les lois et règlements qui peuvent la limiter. Et plus ils sentent que le gouvernement est prêt à les écouter, plus ils se font exigeants.

L’injustice et la servilité de ce gouvernement à plat ventre devant le patronat sont méprisables. Il serait vain d’attendre de lui qu’il se soucie des intérêts des travailleurs. Au moment où le système capitaliste en crise ramène toute la société en arrière et l’enfonce dans la pauvreté, il faut que les travailleurs utilisent toute la force dont ils disposent et se préparent à mettre fin à ce système.

Cela commence par se mobiliser pour imposer leurs propres exigences. Les travailleurs en ont le droit et le devoir car ce sont eux qui créent les richesses. Et comme le disait le révolutionnaire du 19ème siècle Auguste Blanqui, « qui fait la soupe doit la manger » !