Toujours plus à
droite, toujours plus pro-patronale : voilà la ligne suivie par le
gouvernement prétendument socialiste. Et il ne s’agit pas seulement
d’Emmanuel Macron !
Le ministre de l’Économie a certes promu la loi qui a cassé les
protections des salariés sur le travail du dimanche et les
licenciements. Il multiplie les déclarations contre les fonctionnaires
et les 35 heures. Mais ceux qui, au PS, le critiquent en épargnant Valls
et Hollande sont bien hypocrites car ces derniers n’ont pas attendu
Macron pour s’attaquer aux droits des travailleurs.
Faut-il rappeler le CICE qui consiste à arroser les entreprises de
milliards, sans aucun effet sur l’emploi ? Les accords de compétitivité
qui permettent aujourd’hui d’imposer une hausse du temps de travail avec
baisse de salaire ?
Même quand il prétend prendre des mesures favorables aux classes
populaires, le gouvernement mène une politique anti-ouvrière. En matière
fiscale, les baisses promises ne font que masquer la hausse des impôts
locaux. Et en ce qui concerne la Fonction publique, les avancées pour
les bas salaires ne sont que le paravent d’une diète généralisée.
Maintenant, le gouvernement veut réduire le code du travail à
quelques principes et laisser s’imposer les conventions collectives et
les accords d’entreprise qui pourront être en deçà des lois actuelles.
Fragmenter, émietter, casser les droits collectifs qui valaient pour
tous les salariés, y compris pour ceux des petites entreprises, c’est la
politique patronale depuis toujours.
En externalisant, en généralisant la sous-traitance, l’intérim et les
CDD, le patronat multiplie les statuts, individualise les conditions de
travail et les droits des travailleurs. Sur 100 salariés qui
interviennent dans un atelier, sur un chantier ou dans une entreprise de
services, combien relèvent du même employeur ? Alors qu’ils travaillent
ensemble, combien ont la même grille de salaire, les mêmes primes, les
mêmes droits aux congés, aux repos ou à la retraite ?
Tout est fait pour diviser les travailleurs, pour les opposer et, au
besoin, pour les monter les uns contre les autres. Chez Smart, à Hambach
en Moselle, la maison mère Daimler a fait 7 milliards de profits l’an
dernier. Mais on accuse les ouvriers ayant refusé de travailler 39
heures payées 37 d’avoir agi contre l’emploi des jeunes. Chez Air
France, ce sont les pilotes qui sont accusés d’être responsables des
suppressions d’emplois pourtant décidées par la direction.
Mais, de l’entreprise de nettoyage à celle d’informatique, de
l’intérimaire à l’embauché, de la femme de ménage, de l’ouvrier jusqu’au
pilote d’avion, le même chantage patronal s’exerce. Supprimer des
emplois, comprimer les salaires, allonger la durée du travail,
précariser la main-d’œuvre : les mêmes attaques sont menées partout pour
préserver les profits.
Le patronat mène la lutte pour l’ensemble de sa classe ? Il faut qu’en face, les travailleurs soient unis pour contre-attaquer.
Chaque salarié, chaque militant, réagit naturellement à l’attaque qui
le touche dans son métier et dans son secteur. Isolés par la politique
patronale et livrés à eux-mêmes par le manque d’initiatives collectives
des centrales syndicales, il est difficile pour les travailleurs
conscients de se poser les problèmes à l’échelle de l’ensemble de leur
classe et d’y répondre.
Ce sont les confédérations syndicales qui devraient le faire. Ce sont
elles qui devraient populariser la nécessité pour les travailleurs de
parler d’une même voix, d’affirmer leurs intérêts de classe et
d’organiser la lutte collective.
Au lieu de cela, certaines centrales comme la CFDT servent la soupe
au gouvernement et au patronat en défendant pour les travailleurs des
« droits à la carte ». Et les autres centrales n’ont plus la
préoccupation de populariser la nécessité d’un combat de l’ensemble de
la classe ouvrière.
Jeudi 8 octobre, la CGT, Solidaires et la FSU appellent à une
mobilisation interprofessionnelle. Mais elles ont laissé chacune de
leurs fédérations décider des modalités de cette journée. Dans les
secteurs où cette journée a été relayée et préparée, certains appellent à
la grève quand d’autres appellent seulement à la manifestation. Dans
ces circonstances, les manifestations ne rassembleront qu’une fraction
du monde du travail.
Mais il faut se saisir de l’occasion. Car ceux qui feront grève et
défileront auront le mérite d’avancer des revendications communes à
l’ensemble des salariés. Ils auront le mérite d’affirmer leur camp
contre le patronat et ce gouvernement anti-ouvrier. Ils auront mille
fois raison car c’est une nécessité.