mardi 5 avril 2016

Débat d'orientation budgétaire 2016

 Ci-dessous mon intervention sur le débat d'orientation budgétaire lors du conseil municipal du 15 mars 2016 :

Ce débat d’orientation budgétaire a lieu – tout comme celui de 2015 – sur fond de restrictions budgétaires, dues à l’importante baisse des dotations de l’Etat.

En effet, l’Etat et le gouvernement -qui le dirige- ont décidé de serrer la vis aux collectivités. Par contre, pour le patronat,  pour les banques, ou encore pour financer les aventures guerrières, point d’économies ! Les 42 milliards d’aides au patronat à fonds  perdus ne font pas défaut. Le chômage continue de s’aggraver et les patrons n’embauchent pas.

Dans votre présentation, vous abordez « l’environnement économique international et national ». Quelques mots à ce sujet :

Le 1° janvier 2016, le journal « Les Echos » publie un interview de Patrick Artus, chef économiste de Natixis, une grande banque de financements, lequel écrit : « La prochaine crise sera extraordinairement violente ! ».

Les têtes pensantes de l’économie capitaliste divergent quant au secteur où la bulle financière éclatera en premier : titres obligataires, actions, gaz de schistes, immobilier chinois, crédit à la consommation dans l’automobile américaine ?  Sera-ce le marché des dettes souveraines ou celui des changes ? La crise financière partira-t-elle d’une défaillance du Brésil ou d’un autre grand pays ? Les uns pointent la Chine, les autres « la folie des banques centrales » ? Beaucoup, parmi ces têtes pensantes partagent la prédiction que « la prochaine crise sera pire ! ».

Au total, depuis 2008, près de 7 000 milliards de dollars ont été injectés dans l’économie !

L’équivalent du produit intérieur brut annuel de la France et de l’Allemagne réunies ! La masse monétaire des pays de l’OCDE, c'est-à-dire de l’ensemble des pays industriels a triplé depuis 7 ans !  La monnaie créée par les banques centrales représente aujourd’hui près de 30 % du PIB mondial, contre 6 % à la fin des années 1990 ! L’endettement mondial  est désormais supérieur à celui de 1946, avec des niveaux observés, jusque là, qu’après des guerres mondiales.

Le système financier est drogué jusqu’à l’overdose par de l’argent gratuit fourni par les banques centrales, et qui ne retourne pas sous forme d’investissements dans l’économie productive, mais au contraire vers la spéculation.

L’économie capitaliste ressemble à un train lancé à grande vitesse vers le précipice. Le conducteur et le personnel de bord sont conscients du danger, mais ne peuvent freiner la locomotive. Les voyageurs crient  au secours, mais personne ne fait rien pour la bonne raison que dans ce train, il n’y a ni frein, ni aucun autre moyen  d’empêcher la catastrophe.

En France, dans le document présenté, vous soulignez un regain de dynamisme et un rebond  dans la  construction à la fin 2015 et début 2016. Et vous affirmez que « la France revient de loin ». Mais même si cela était vrai, tout pourrait s’écrouler rapidement pour les raisons invoquées précédemment.

Cette présentation plutôt embellie du contexte en France tient au fait que ce sont vos amis politiques qui sont au gouvernement, ceux là même qui étranglent  les finances publiques, et dont, au fond, vous approuvez la politique.

Quand à vos orientations, votre marge de manœuvre est faible, voire nulle.

Pour ma part, je ne suis en aucune manière associé à vos choix. Je ne vous en propose pas d’autres, cela n’aurait pas de sens, je n’en ai pas les moyens. Ici, je compte pour un.

Dans d’autres circonstances, avec une effervescence et une mobilisation importante de la population qui s’intéresserait à son sort, sans doute serait-il possible de faire d’autres choix. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas.

Dans ce contexte de crise grave et de restrictions budgétaires, les communes pauvres le resteront, et les pauvres de la commune le seront encore plus.

Ce n’est pas un problème d’orientation budgétaire. L’inversion de cette tendance, aujourd’hui,  n’est pas dans la compétence d’une commune quelle qu’elle soit. Elle sera le résultat,  dans l’avenir,  de  l’inversion  des rapports de propriété au sein de la société actuelle.