Rien ne va plus entre les gouvernements français et italien ! Parce que le vice-Premier ministre italien a rencontré des gilets jaunes en France, Macron a décidé de rappeler son ambassadeur à Rome, chose inédite depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Cette montée de testostérone s'inscrit dans une longue série de provocations verbales entre les deux gouvernements. Macron a parlé du gouvernement italien comme de « la lèpre nationaliste ». En réponse, Salvini, le sulfureux leader de la Ligue du Nord, a désigné Macron comme « un très mauvais président qui gouverne contre les Français »... Alors, comme l'a dit Griveaux, le gouvernement a voulu « sonner la fin de la récréation » !
C'est peut-être la fin de la récréation, mais ce n'est pas la fin de la comédie. Car à l'approche des Européennes, chacun des protagonistes a intérêt à la faire durer. Macron veut se faire reconnaître comme le champion de l'idée européenne, du libéralisme et d'un prétendu humanisme ouvert sur le monde. À l'opposé, Salvini et derrière lui Le Pen ont pris pour fonds de commerce le souverainisme et la lutte contre l'immigration. Ils se servent mutuellement de faire-valoir.
Tous deux partagent la même stratégie : remplacer le clivage gauche-droite par celui opposant les anti et les pro-Européens.
Pendant près d'un siècle, le PS et le PCF qui prétendaient représenter les intérêts des travailleurs ont fait croire que la lutte de classe s'exprimait électoralement dans l'opposition gauche-droite. Ils ont imposé l'idée que, quand on appartenait au monde du travail, il fallait éliminer la droite et toujours voter à gauche.