Car Macron a bel et bien couvert son protégé alors que celui-ci, déguisé en policier, s'amusait à casser du manifestant le 1er mai. Si Benalla est aujourd'hui licencié et si le gouvernement clame sur tous les tons qu'il n'y a pas d'impunité, c'est que Le Monde a rendu l'affaire publique, deux mois et demi après les faits.
Les porte-parole de l'Élysée prétendent avoir immédiatement réagi en sanctionnant Benalla de quinze jours de mise à pied. Vous parlez d'une sanction ! Pour une erreur de caisse à Carrefour ou Auchan, c'est parfois la porte. Pour la chemise arrachée du DRH d'Air France, cinq salariés ont été aussitôt arrêtés, licenciés et condamnés à de la prison avec sursis comme de vulgaires voyous.
Plus les jours passent, plus on en apprend sur la toute-puissance des petites frappes du pouvoir, sur les arrangements entre amis, sur la gangrène du clientélisme et de la dissimulation.
Malgré sa réputation de chien fou, Benalla faisait partie du clan macronien. Il avait droit à un logement luxueux et une voiture de fonction et émargeait à plus de 7000 euros mensuels. Par la grâce de l'Élysée, Benalla avait aussi été élevé au grade de lieutenant-colonel de la réserve opérationnelle, et il donnait des ordres au gratin de la police et de la gendarmerie.