mardi 6 mai 2014

De l’Ukraine à la France : à bas le nationalisme, vive l’internationalisme !


Jour après jour, l’Ukraine s’enfonce dans la guerre civile. La population est prise en otage entre les milices d’extrême droite ukrainiennes et les milices pro-russes, auxquelles s’ajoutent les opérations de l’armée.

Où mènera cet engrenage ? À des mesures punitives contre ceux qui ne parlent pas la « bonne langue » ou qui s’accrochent au « mauvais » drapeau national ? À partitionner l’Ukraine et faire passer une frontière à l’intérieur du pays, séparant les villes, les familles, les amis ? À un fossé de sang comme en Yougoslavie il y a 20 ans ?

La population d’Ukraine a tout à perdre à se déchirer dans ces affrontements nationalistes.

La propagande orchestrée par la Russie est écœurante mais celle des médias occidentaux est tout aussi dangereuse. Ils dénoncent « la main de Poutine », mais quid de Washington, qui œuvre en sous-main depuis des années pour mettre l’Ukraine dans son giron économique, politique et militaire ?

Quid de ce bras de fer que les Occidentaux ont déclenché pour combattre l’influence de la Russie en Ukraine alors même que l’histoire, l’économie et la population de ces deux pays sont intimement liées ?

Aujourd’hui, les dirigeants américains et européens soutiennent un gouvernement provisoire à Kiev qui comprend des ministres pro-nazis. Preuve que, comme Poutine, ils sont prêts à s’appuyer sur les forces les plus rétrogrades. Comme Poutine, ils sont à compter parmi les criminels de guerre.

Au-delà de la responsabilité des grandes puissances, le drame ukrainien doit nous faire réfléchir car il est aussi révélateur d’une poussée réactionnaire et nationaliste qui se manifeste à l’échelle de toute l’Europe et au sein même de l’Union européenne.



À l’heure où démarre la campagne électorale des européennes, les partis jouant la carte du repli nationaliste, voire régionaliste et xénophobe se frottent les mains. Pour eux, ces élections sont l’occasion de faire assaut de chauvinisme et de nationalisme les plus outranciers.

Les peuples européens ont bien des raisons de ne pas se reconnaître dans l’Europe actuelle. De la construction européenne, les Hongrois ou les Grecs n’ont vu que les banques et les multinationales françaises ou allemandes se comporter en prédateurs. De l’Europe, ils n’ont vu que les huissiers leur demandant d’abandonner les maigres protections dont ils disposaient, ils n’ont vu que la crise les condamnant au chômage. Mais ont-ils été mieux traités par leurs gouvernements respectifs, par leurs banques et leurs patrons nationaux ?

Les travailleurs sont bien placés pour savoir qu’ils n’ont rien à attendre des institutions européennes. En plus de 60 ans, la seule réglementation censée promouvoir l’égalité des sexes a débouché sur l’autorisation pour les femmes de travailler la nuit quand le droit à l’IVG n’est toujours pas admis dans tous les pays de l’Union. Quant à l’existence d’un smic européen aligné sur le plus haut… il n’en a jamais été question.

Mais encore une fois, les gouvernements nationaux ne font pas mieux ! Lorsqu’ils se penchent sur les droits des travailleurs ou des chômeurs, c’est toujours pour présenter les travailleurs les mieux lotis comme des privilégiés. C’est toujours pour égaliser… vers le bas.

Alors, ceux qui rejettent l’Union européenne en faisant croire que le repli national apportera bonheur et prospérité aux classes populaires sont des menteurs. C’est le cas de Le Pen.

À l’entendre, tout est de la faute de la commission de Bruxelles, de l’Europe ou de l’euro. Ce n’est pourtant pas l’Europe qui a soufflé à Gattaz l’idée d’un smic jeune. Si Carrefour verse d’aussi bas salaires, ce n’est pas la faute à l’Europe. Quand Pinault décide de se débarrasser de La Redoute ou lorsque Bouygues veut vendre ses parts dans Alstom, ce n’est pas non plus la faute à l’Europe !

Les nationalistes font de l’Union européenne, des étrangers ou des immigrés, des boucs-émissaires. Ils détournent les travailleurs du seul combat qu’ils ont à mener, celui contre le patronat, sa rapacité et ses profits. En plus de ne rien changer à l’exploitation, le nationalisme ajoute de l’arbitraire, contre celui qui n’est pas de la bonne nationalité, ne parle pas la bonne langue, ne partage pas la même religion que les autres.

Les évènements d’Ukraine montrent que le nationalisme est un piège mortel qui peut vite se refermer sur la population. Tous ceux qui, d’Odessa à Paris, cherchent à monter les travailleurs les uns contre les autres sont des ennemis. Ne laissons pas passer le poison de la division !