lundi 9 février 2015

Ce n’est pas seulement la Grèce que le grand capital étrangle

Alors que Tsipras, le nouveau chef du gouvernement grec, faisait la tournée des dirigeants de l’Union européenne pour négocier quelques mois de répit auprès des créanciers de son pays, la Banque centrale européenne a fermé une des deux sources de financement de la Grèce. Le message est on ne peut plus clair.

Les représentants de la grande bourgeoisie qui sont à la tête de la BCE, du FMI et de l’Union Européenne veulent mettre ce pays et son gouvernement à genoux au nom du principe selon lequel « qui a des dettes doit les rembourser ». Avant tout compromis, il faut donc que Tsipras se renie et expie le crime d’avoir laissé croire à la possibilité d’une « annulation de la dette ».

Tsipras ne demande pas la lune. Il ne parle plus d’annuler la dette grecque, ni même d’en effacer une partie, il veut en étaler les remboursements.

Mais pour la BCE, l’idée que les classes populaires grecques puissent seulement espérer qu’elles n’auront pas à payer les intérêts et les dettes faites par leurs classes privilégiées et par leur Etat est intolérable. Pour elle, il est hors de question de remettre en cause la politique d’austérité dont le seul objectif est de vider les poches de la majorité de la population pour alimenter la finance.

Cette déclaration de guerre n’est pas seulement destinée au peuple grec, elle est adressée à tous ceux qui voudraient en finir avec les diktats des banquiers. Il s’agit de faire comprendre aux peuples qui auraient envie d’imiter les Grecs que le temps des sacrifices n’est pas fini.

Les porte-paroles du grand capital que sont le FMI, la BCE et la Commission européenne ont renvoyé la Grèce des décennies en arrière.

Des millions de Grecs ont perdu leur emploi ou une partie de leur salaire, ils ne peuvent plus se loger, se soigner. Et il faudrait encore des licenciements, encore des fermetures de services publics ? Mais qu’est-ce qu’ils cherchent, que les gens meurent dans la rue comme dans nombre de pays pauvres ?

La bourgeoisie fait subir au peuple grec, en plus violent, ce qu’elle fait subir ici aux travailleurs.

Quand pour maintenir son taux de profit, le grand patronat licencie, restructure et ferme des usines, il se moque de ce que deviendront les salariés mis sur le carreau. Il n’a que faire des déficits qu’il creuse quand, pour augmenter les dividendes de ses actionnaires, il ne paye pas d’impôts et obtient de ne plus payer de cotisations sociales. Il n’y en a que pour sa compétitivité et sa rentabilité.

Que les services publics se délitent, que les petites entreprises soient asphyxiées, que l’économie s’enfonce dans le marasme, tant que l’argent rentre dans ses coffres-forts, ce n’est pas un problème pour ce grand patronat.

La bourgeoisie qui domine la finance comme ses représentants à la tête des institutions internationales sont des irresponsables vis-à-vis de la société.
Mario Draghi, aujourd’hui à la tête de la BCE et inflexible vis-à-vis de la Grèce, fut vice-président de la banque Goldman Sachs pour l’Europe. Cette banque, une des principales responsables de la crise financière de 2008, a maquillé les comptes de l’Etat grec. C’est tout un symbole !

Quant à Jean-Claude Juncker, l’actuel président de la Commission européenne, il fut pendant 18 ans le Premier ministre du Luxembourg, un paradis fiscal qui aida près de 300 multinationales à échapper à l’impôt.

Ces messieurs ferment les yeux sur les coups fourrés des grandes banques du genre HSBC, ils s’arrangent pour que les grands groupes ne payent pas d’impôts et ce sont eux qui demandent à l’ouvrier grec au chômage d’en payer !
Ce sont eux qui nous font croire que si les Grecs n’arrivent pas à payer la dette, nous serions obligés de payer ! Tout cela est du chantage.

Ces dirigeants, complices de la bourgeoisie, ont un principe simple : il faut que l’argent rentre, que ce soit par l’exploitation, y compris la plus cruelle ou par la spéculation. Et ce, quand bien même on court droit à la catastrophe avec la menace permanente d’un nouveau krach.

L’économie capitaliste qui, pour enrichir les plus riches, appauvrit ceux qui travaillent et produisent, est aveugle et irrationnelle.

Dans le cadre de cette économie injuste, complètement folle, les travailleurs ont le droit et le devoir de se battre pour leur peau.

Mais ces luttes contre une classe capitaliste avide et irresponsable sont un éternel recommencement.

Le problème fondamental qui se pose à la société, et depuis bien longtemps, est de renverser la dictature de la finance sur le monde, c’est-à-dire renverser le capitalisme. C’est la tâche que devra se fixer la classe exploitée.