mercredi 7 février 2018

Au conseil municipal, j'ai interpelé le député

Le 5 février, au conseil municipal, j'ai interpelé Denis Sommer, député la République En Marche. Ci-dessous mon intervention:

Monsieur le député,

Le gouvernement vient de préciser le projet de Macron de supprimer 120 000 postes de fonctionnaires, sous la forme de départs volontaires et l’embauche de vacataires.

Il s’agit tout bonnement de copier ce qui se pratique dans le privé et qui consiste à vider les entreprises de leurs emplois pour convertir les emplois en profits. Les vacataires seront les intérimaires du privé. Une main d’œuvre pas chère, corvéable et elle aussi soumise à la précarité a vie. La CGT de la fonction publique estime déjà à un million le nombre de contractuels, soit 20% des effectifs.

Les fonctionnaires ont déjà donné avec un indice bloqué complètement pendant 6 ans et poursuivi avec Macron. Ils ont subi la hausse de la CSG, pas encore complètement compensée, et le rétablissement du jour de carence.
Les collectivités sont également soumises à des restrictions budgétaires en raison de la baisse des dotations de l’État.

Elles-mêmes sont contraintes à faire des économies en réduisant leurs effectifs par exemple en ne remplaçant pas les départs en retraite. Tous les maires s’en plaignent et ce n’est pas le maire de Grand-Charmont qui me contredira.
La fin des emplois aidés correspond à la suppression dramatique de 150 000 emplois. Toutes les collectivités sont impactées. Interrogé, le Maire de Grand-Charmont répond qu’il n’a plus les financements. A l’époque de leur mise en place, le Préfet avait encouragé la Mairie à embaucher et le maintien des emplois aidés coutait 20 000 € pris sur le budget de sa commune pauvre.

Et que dire des emplois aidés supprimés dans les Ehpad. Le directeur de l’établissement de Béthanie se plaignait dans la presse de ne pas pouvoir renouveler les contrats (80) qui arrivaient à échéance, à quoi il fallait ajouter la baisse de dotation versée par l’Agence Régionale de Santé.

Les Ehpad parlons-en, leur situation révélée par un conflit historique de 117 jours de grève des aides-soignantes des Opalines de Foucherans dans le Jura. Ces salariés ont contribué à attirer l’attention sur les conditions de travail, les bas salaires et les conditions de vie des personnes âgées qui y résident. Un secteur profitable où l’État s’est déchargé et qu’il a livré aux financiers.

Comme pour la santé où les cliniques privées bénéficient de fonds publics pour s’installer à Montbéliard ou près de l’hôpital public pour se partager la partie la plus rentable du marché des soins. Pour les personnes âgées dépendantes à des tarifs de 2 500 à 4 000 €, après avoir travaillé toute leur vie beaucoup doivent vendre leur maison et leurs biens. Et que dire de ces vieux travailleurs qui n’ont même pas les moyens d’aller en Ehpad quand ils n’ont qu’une retraite à moins de 1 000 € et rien à vendre.

Les retraités seront taxés sur leur pension de l’augmentation de 1.7% de la CSG dès 1200 € de retraite. Quant à ceux qui payent l’impôt sur la fortune et ils sont nombreux au gouvernement, ils vont bénéficier d’un cadeau royal de plus de trois milliards d’euros quand la ministre de la santé se contente de rallonger le budget de la dépendance de 50 millions d’euros pour 728 000 personnes en maison de retraite.

Sur le plan local, la situation de l’emploi, et particulièrement celui des jeunes, est dramatique. La direction Peugeot s’est précipitée sur les ruptures conventionnelles collectives permises par les ordonnances Macron pour supprimer 2 200 postes et en créer seulement 1300 en CDI. A Sochaux, PSA vient d’annoncer ses prévisions d’embauches pour 2018, 72 embauches en production dont seulement 50 ouvriers pour 180 départs. Les ateliers vont continuer à produire 24 h sur24 avec un maximum d’intérimaires. Derrière ces chiffres c’est la précarité qui progresse, un fléau qui touche surtout les jeunes mais pas que.

Cette situation honteuse est à l’image de celle de bien d’autres secteurs, où le manque de personnel, la charge de travail croissante, les bas salaires, la recherche d’économies, de rentabilité, et les restructurations sont la règle.
Alors les Ehpad craquent, les hôpitaux craquent, les prisons craquent, les universités craquent, mais le gouvernement n’a d’yeux que pour les riches, il n’a d’oreilles que pour les multinationales et les machines à faire du fric.

En France, 32 milliardaires possèdent autant que 24 millions de personnes ; l’abondance à un pôle, la pénurie et la misère à l’autre. Mais cela veut dire aussi qu’il y a largement de quoi satisfaire les besoins de la population, mettre fin au chômage par la répartition du travail entre tous, et augmenter les salaires pour en finir avec la galère des fins de mois qui commencent toujours plus tôt.